De la chasse à la tendelle

 Prenez une dalle de pierre. Disposez-la en équilibre sur quelques petits bâtonnets. Placez en-dessous un appât quelconque. Des baies de genièvre marchent bien. A présent, il vous suffit d’attendre. Oui, d’attendre l’oiseau qui, en cette saison froide, a faim. En voulant se nourrir, il bouscule un bâtonnet et ainsi fait tomber la pierre-assommoir qui le tue. Parfois, il est seulement blessé : vous pourrez le tuer tranquillement en faisant votre ronde à l’heure qui vous convient. Ensuite, si le coeur (vous en avez un ?) vous en dit, vous pourrez le manger. Vous aurez ainsi prouvé que vous êtes un pilier de la TRADITION.

    C’est révulsif, je vous l’accorde. C’est cruel, primitif, sadique, barbare. Mais voilà : c’est légal ! Grâce à qui ? Grâce à quoi ? Et bien, grâce à un arrête de novembre 2005 qui légalisait une pratique de certains braconniers des Causses, et grâce à Mme Nelly Olin qui n’a rien à refuser aux chasseurs.

    La chasse est autorisée en France et ailleurs, hélas. Le piégeage aussi. Mais rien n’obligeait notre ministresse à légaliser une méthode de piégeage particulièrement cruelle et rétrograde qui était interdite depuis plus d’un siècle. Non seulement la tendelle est barbare - elle peut broyer sans tuer, laissant ainsi agoniser pendant des heures les grives et merles victimes - mais, en plus, elle est éminemment non-sélective. Tout oiseau de la taille d’un merle ou plus petit peut actionner l’engin. Les petits passereaux sont protégés en France. Pas là où il y a des tendelles.

   La législation européenne interdit les procédés de chasse et de piégeage non-sélectifs. Ce n’est pas pour rien que nos gouvernants ont accepté que certaines espèces jouissent d’une protection légale intégrale. Mais la tendelle ne fait pas la différence. Non, je ne plaide pas pour le droit de tuer grives et merles. A notre honte nationale, la loi française livre ces espèces à la frénésie sanguinaire des chasseurs. Que toutes les autres espèces ne soient pas écrasées en tant que "dommages collatéraux".

    D’ici peu, les poseurs de tendelles vont de nouveau s’adonner à leur vice, à l’abri des regards, en plein causse. Cet arrêté de Mme Olin est inique et en contradiction avec nos propres lois comme avec la réglementation européenne sur les espèces protégées. Au-delà de la dimension juridique s’érige le simple respect de la vie de tous ceux, petits et grands, qui n’ont qu’une vie et qui doivent pouvoir la vivre. Les chasseurs sont imperméables à tout argument dicté par la compassion. Nous pouvons, malgré cela, protester auprès de nos politiques, à tous les niveaux.

Faisons-le.

Utilisateur1

Les vaches rouges, 24/09/2006

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